Sacrifices du quotidien

Publié le par Vik

En décidant de faire un bébé, je ne savais pas que je renonçais implicitement à à peu près tout ce qui faisait ma vie avant. 

 

Evidemment, il y a la liberté de mouvement et de sortie.

Plus de voyage de dernière minute, plus vraiment de sortie spontanée. Il faut TOUT planifier et préparer. Et bien sûr, toujours s'adapter au rythme de Crevette. Inutile d'aller dans les détails d'une sortie, il faut juste que ce soit "poussette-friendly". Pas besoin de voir jusqu'à la possibilité d'une sieste ou la logistique du repas : la poussette représente déjà une contrainte énorme et le sésame qui permettra on non cette petite virée. 

Et puis il ne faut pas multiplier les sorties dans la semaine. De vouloir en faire trop pourrait réveiller le dragon qui dort en chaque bébé, et qui sort à l'occasion d'une grosse fatigue, d'un manque de sommeil ou d'un estomac vide. Si c'est parfois inévitable, il vaut tout de même mieux le subir à domicile plutôt qu'en terrain public. 

 

Autre sacrifice : le temps. 

Je n'en ai tout simplement plus du tout.

Si je ne le consacre pas à  Crevette, je fais le ménage, la cuisine, ou toute autre tâche ménagère hautement gratifiante. Si il me reste quelques minutes, je les consacre à mon cher et tendre Homme. Depuis que je suis mère et épouse, chaque minute qui n'est consacré à rien ni personne qui ne soit pas moi est une minute de pur égoïsme. C'est affolant comme mon entourage se sent lésé quand je décide de prendre un bain qui dure plus de 30 minutes. Toute seconde pour moi est une seconde qui ne leur est pas consacrée : une catastrophe !

En 2 ans de Crevette, j'ai dû disposer coupablement de deux fois 48 heures rien que pour moi. 

 

La vie sociale. 

Perte tout à fait naturelle et quasiment inévitable dûe à la difficulté logistique des sorties couplée à des contraintes horaires et pécunières non négligeables. En toute sincérité, il se trouve que c'est le cadet de mes soucis. Ma priorité est dans un bon bain chaud qui s'éternise ou une sortie en ville avec les mains libres et sans montre. 

 

Et puis il y a toutes les autres petites choses qu'on fait sans forcément y penser. 

Plus jamais je ne pourrai manger la plus jolie part de gâteau, elle est réservée d'office à Crevette. Plus jamais je ne pourrai traîner au lit parce que je suis malade, il faudra toujours que je m'occupe de Crevette avant. Plus de coiffeur, plus de fringues, plus de lecture d'un livre de plus de 10 pages et sans illustrations, plus rien d'autre que Dora à la télé, plus de retard à un rendez-vous, plus de promenades le nez en l'air...

Vous voyez tous ces petits détails qui rendent la vie normale et sympa. Tous ces choix qu'on peu faire tout simplement parce que ce jour précis on en a envie, ou pas. Toutes ces petites choses qui finalement ne regardent que nous.

Ben y'en a plus. 

 

Maintenant, j'ai l'impression que plus rien dans ma vie quotidienne ne regarde que moi. Je fais tout en fonction de Crevette, ou de l'Homme. Plus rien ne m'est vraiment propre, et aucune décision ne peut plus être prise toute seule. 

En fait, la maternité c'est la fin de l'égoïsme gratuit. Vous savez, ce petit égoïsme quotidien qui ne fait de mal à personne, mais qui nous permet de nous faire un petit cadeau de temps en temps et d'entretenir notre amour propre et notre confiance en nous.

 

Et c'est là que mes amies me rassurent en me disant : "c'est justement parce que tu as ce genre de réaction que tu es une bonne mère. Certains parents n'ont pas le bon sens de faire passer leurs enfants avant leurs propres envies". 

Veinards. 

 

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